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Le 19 juin 1991, le dernier soldat soviétique quittait la Hongrie

En 2001, l’Assemblée nationale a adopté une loi décrétant le 19 juin journée de mémoire nationale et le dernier samedi du mois de juin Journée de la liberté hongroise afin de commémorer la souveraineté retrouvée en 1991 lorsque les troupes soviétiques ont définitivement quitté le pays.

Dans les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale, la Hongrie était prise entre deux feux : la Wehrmacht qui a assiégeait Budapest durant l’opération Margarethe et l’Armée rouge qui est entrée sur le territoire en septembre 1944 avant d’encercler Budapest puis d’occuper le pays tout entier. Le discours officiel parlait d’une libération mais les Hongrois savent bien qu’il s’agissait en réalité d’une occupation conjuguée, à partir de 1947, à quatre décennies de dictature soumise aux ordres de Moscou. La présence soviétique en Hongrie était censée être provisoire, elle aura finalement duré 47 ans. Un trait d’humour de l’époque disait :

« Pourquoi la Hongrie est-elle le plus grand pays du monde ? Parce que les Soviétiques sont entrés en 45 et n’ont pas réussi à sortir depuis »

« Camarades, c’est fini ». L’affiche avec cette inscription en russe est devenue l’un des symboles de la chute du communisme en Hongrie. Le vent de liberté qui a soufflé dans le Bloc de l’Est à partir de 1989 a atteint la Hongrie également et le premier événement majeur a été la réinhumation symbolique de Nagy Imre et de ses camarades sur la place des Héros. Nagy Imre était Premier ministre durant la Révolution de 1956 et défendait une réforme du communisme. Il reste célèbre pour son appel à l’aide par radio à la communauté internationale lors de la répression sanglante de l’insurrection par l’Armée rouge. Il a finalement été exécuté, avec plusieurs de ses camarades, par son propre camp, ce qui fait de lui l’un des martyrs de la Révolution de 1956. C’est à cette occasion qu’un certain Orbán Viktor, étudiant en droit, a prononcé un discours ancré dans les mémoires, réclamant entre autres le départ des troupes soviétiques.

Ce souhait s’est concrétisé par un accord signé le 10 mars 1990 entre les ministres des affaires étrangères hongrois et soviétique. Durant les négociations, l’URSS réclamait 800 millions de dollars à la Hongrie au titre de dédommagement pour « les investissements soviétiques », qui ont d’ailleurs été effectués sans autorisation hongroise, tandis que la Hongrie avait elle aussi soumis une demande de dédommagement, de 80 millions de dollars, pour les dégâts causés. Finalement les parties ont convenu de renoncer mutuellement aux réclamations.

L’Armée rouge a définitivement quitté le territoire hongrois avec 45 000 soldats, 60 000 tonnes de matériel militaire et 1352 wagons et en laissant derrière elle 60 casernes, 10 bases aériennes et 5750 bâtiments au total. Le dernier soldat soviétique, le général Viktor Shylov, a traversé la frontière à Záhony le 19 juin 1991 et la Hongrie a regagné sa souveraineté totale le 30 juin.

Photo : Miroslav Luzetsky

Ce tournant historique a inspiré des groupes de musique qui ont composé des chansons traduisant l’ambiance de l’époque : Bye-bye Szása (Bye-bye Sascha) de Pa-dö-dő, Viszlát, Iván! (Au revoir Ivan !) d’Auróra et Azok a boldog szép napok (Ces beaux jours heureux) de Beatrice.

C’est pour commémorer les deux événements qu’une loi a été votée en 2001 à l’Assemblée nationale. La Journée de la liberté hongroise a été organisée cette année dans le cadre des célébrations du 30e anniversaire de la chute du communisme, une série de programmes intitulée « Libres depuis 30 ans ».

Hongrie Actuelle

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