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Européennes 2024 : Le Fidesz-KDNP l’emporte mais perd des sièges, entrée tonitruante du Tisza

Le grand vainqueur du scrutin est le jeune Parti Tisza qui, après trois mois d’existence seulement, obtient sept sièges d’eurodéputés tandis que le Fidesz-KDNP s’impose, certes, mais en perd deux. La gauche essuie un revers important avec uniquement deux mandats pour l’alliance des socialistes et des écologistes mais aucun pour le Momentum qui se fait devancer par Notre Patrie. Cette élection a vu une participation record de 58%, sans doute en raison du fait que les municipales se tenaient en même temps.

Sans surprise, c’est le Fidesz-KDNP qui remporte le scrutin avec plus de 2 millions de suffrages, soit près de 45% des voix, un score impressionnant au niveau européen aussi. Durant leur campagne, les partis de gouvernement avaient martelé leur attachement à la paix contrairement à « la gauche belliciste » en cette période de conflits. Au total, le Fidesz-KDNP bénéficiera de 11 sièges, deux de moins qu’il y a cinq ans.

Orbán Viktor s’est exprimé après l’annonce des résultats : « Aujourd’hui, deux élections se sont tenues en Hongrie et nous les avons gagnées toutes les deux. Les Hongrois ont envoyé un message clair : ils veulent la paix. La politique pacifiste du gouvernement a été confirmée et nous lutterons avec deux fois plus d’ardeur pour garder la Hongrie en dehors la guerre. Nous pouvons résumer le résultat de ces élections en un court message : stop à la migration, stop à la théorie du genre, stop à la guerre, stop à Soros, stop à Bruxelles. La participation record montre que la démocratie se porte bien en Hongrie ».

Orbán Viktor (centre) et Deutsch Tamás (droite), tête de liste Fidesz aux européennes, lors de la soirée électorale du Fidesz-KDNP au centre Bálna à Budapest. (Photo : MTI/Service de presse du Premier ministre/Benko Vivien Cher)

 « La Tisza est en crue ». C’est avec ce slogan faisant référence au deuxième fleuve de Hongrie que le jeune Parti Tisza (abréviation de Tisztelet és Szabadság, soit « Respect et Liberté ») qualifie sa progression fulgurante. Né il y a trois mois seulement, le mouvement mené par Magyar Péter, ex-mari de l’ancienne ministre de la Justice Varga Judit, a réalisé une campagne marquée par un tour du pays, de nombreuses interventions dans les médias et des rassemblements qui ont réuni des dizaines de milliers de personnes. Les candidats présents sur la liste ont tous été choisis de la société civile, ce qui montre là aussi une rupture avec les partis politiques traditionnels. Finalement, le résultat d’hier soir a confirmé ce que les sondages prévoyaient : un score exceptionnel lors de son premier scrutin avec 1,3 million de votes (près de 30%), soit 7 mandats d’eurodéputés. Parmi les points de son programme, le Tisza s’engage entre autres à « rapporter de Bruxelles les milliers de milliards qui sont dus à la Hongrie ».

Dans son discours à la suite du scrutin, Magyar Péter a souligné que « c’est la fin d’une ère et le début de l’avenir. Malgré les milliards de forints dépensés pour de la propagande, malgré la psychose autour de la guerre et la propagande de haine, les Hongrois ont vu clair dans leur jeu. Le Parti Tisza prouvera aux Hongrois que la politique peut être belle, juste et honnête ».

Magyar Péter à la soirée électorale du Parti Tisza sur les quais inférieurs de Buda. (Photo : MTI/Hegedüs Róbert)

Le parti de droite radicale Mi Hazánk (Notre Patrie) réalise un très bon score en obtenant plus de 300 000 voix lui permettant de passer la barre des 5% et de déléguer ainsi un eurodéputé pour la première fois de son histoire. Dans la nuit, Toroczkai László, le président du mouvement, a expliqué que « quatre forces politiques restent debout après ses élections : le Fidesz-KDNP, le Parti Tisza, la coalition de gauche et le Mouvement Notre Patrie qui s’est présenté de manière autonome, sans alliance. Nous avons absolument atteint notre objectif, nous entrons au Parlement européen ».

La soirée électorale de Mi Hazánk au Centre des congrès de Budapest avec le président Toroczkai László, tête de liste. (Photo : MTI/Purger Tamás)

Bien en-dessous du seuil d’entrée, le Jobbik s’est dit « déçu » de son résultat tandis que la présidente de Momentum a souligné que « lors de ces élections, les gens n’ont pas pris leur décision d’après le travail effectué par les eurodéputées Momentum mais ils pesé l’enjeu d’un changement de gouvernement » tout en promettant de « continuer le combat ».

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A l’issue de ce scrutin, on assiste donc à une réorganisation de l’opposition en Hongrie avec l’entrée en scène du Tisza, qui réalise une performance remarquable après seulement trois mois d’existence. Cet élan devra maintenant se conserver en vue de l’objectif annoncé, c’est-à-dire remporter les législatives 2026. Le Momentum et le Jobbik sont les deux grands perdants puisqu’ils perdent les sièges qu’ils avaient obtenu en 2019 mais c’est, plus globalement, un échec pour la gauche car seuls deux eurodéputés floqués Coalition démocratique siègeront au Parlement européen. D’aucuns ont remarqué l’ironie de l’histoire : le Momentum était apparu sur la scène politique hongroise en 2017 avec sa campagne contre la candidature hongroise pour les Jeux olympiques 2024 baptisée « Nolimpia » puis essuie une lourde défaite électorale en cette année olympique justement.

Il semble évident que de nombreux électeurs en ont eu assez de l’inefficacité des formations d’opposition qui échouent élection après élection et qu’ils ont préféré se tourner vers le Tisza de Magyar Péter qui affiche une toute nouvelle approche en refusant aussi bien le gouvernement actuel que l’opposition qui existait jusqu’à présent. C’est évidemment un grand succès pour Mi Hazánk aussi qui n’avait jamais obtenu de siège d’eurodéputé.

Il sera intéressant de voir avec qui les représentants Fidesz et Mi Hazánk s’allieront puisqu’ils sont pour le moment sans étiquette. L’on peut imaginer un rapprochement avec les représentants du groupe ECR (l’AfD allemand ou encore le parti Reconquête de Marion Maréchal) afin de former une alliance de droite radicale. La grande inconnue était le Tisza dont la ligne idéologique n’est pas encore tout à fait claire mais Magyar Péter a dissipé les doutes en annonçant qu’ils siègeront dans le Parti populaire européen (PPE), qui a remporté ces élections et qui conservera ainsi sa majorité au Parlement européen. A noter que le Fidesz était également membre du PPE avant de le quitter en 2021, il ne restait alors qu’un seul et unique représentant hongrois dans cette formation politique, l’eurodéputé chrétien-démocrate Hölvényi György. Les eurodéputés Tisza auront l’occasion de proposer une nouvelle alternative sans tomber dans les excès des représentants de gauche qui étaient systématiquement allés à l’encontre de la Hongrie en votant notamment des sanctions.

Hongrie Actuelle – avec MTI

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